• La règle du "JE"

    Ami Lecteur (je sais que tu n’apprécies pas trop lorsque je t’appelle « Hannibal »), si tu me fais l’honneur de passer de temps en temps sur cette page c’est que, sans doute, tu visites aussi ailleurs. Je parle bien des infidélités que tu me fais à aller lire ce que d’autres écrivent dans leurs espaces personnels avec beaucoup plus de talents (et surtout de régularité) que ton pauvre serviteur. D’autant que ces collègues ont certainement plus de verve et de verbe que je n’en ai depuis… pfff… (tant que ça)… voire guère plus mais pas moins… attends, je vérifie à ma montre… hé bien, oui, elle est arrêtée depuis tout ce temps là, t’as qu’à voir !

    Or, si tu lis, j’ose à croire (et non « accroire » qui a un autre sens et qui ne comporte donc pas de faute d’orthographe, comme voulait justement me le faire croire un de mes supérieurs se sentant obligé de trouver une faute dans une de mes productions professionnelles) j’ose à croire, disais-je donc avant « d’aparter », que tu t’attardes aussi à aller lire les commentaires des bavards. Et c’est justement sur ces commentaires que j’attire aujourd’hui ton attention.

    Il est admis, et c’est après tout la finalité d’un blog, que le scripteur se raconte, se dévoile, se remémore, s’expose, s’exprime à travers les historiettes qu’il te raconte. Attention,  le bon blogueur ne balance pas, il évoque ! (oui, je sais, je paraphrase Audiard, mais on ne se refait pas…). Bref, il se dénude derrière le paravent de l’Internet ; laissant juste dépasser ses dessous par le dessus de l’édicule virtuel (voire pour certains en mettant tout sans dessus dessous sur des blogs interdits aux moins de 18 ans).

    Sa raison première est-elle de gâcher la journée des autres à coups de syllogismes alambiqués déposés sur le comptoir de son blog ? (car, tu l’auras remarqué, en général, quand on est au comptoir on apprécie tout ce qui a un rapport avec l’alambic) Ou bien tente-t-il une autopsychanalyse dont les commentaires internautes seraient les échos rebondissants ?

    Allez, j’ai la faiblesse de penser que le blogueur espère un retour constructif ou, pour le plus, élogieux en regard de son texte (tu noteras que je glisse allègrement sur le commentaire vomitif, mais du pied gauche exclusivement). Il attend un retour, une piste, des idées, des solutions, quelque chose qui ressemblerait finalement à un échange entre lui et tous ceux qui sont cachés derrière leurs écrans à l’autre bout de la planète ou bien juste dans la pièce d’à côté, voyeurs anonymes de la vie des autres. .

    Ces derniers temps, j’ai remarqué que les commentateurs se moquaient finalement bien du texte, du poème, de la chanson, de la problématique, du désespoir, de l’émerveillement, de l’enthousiasme, des souvenirs, des espoirs, des rêves, des amours, des amis et des emmerdes de M. Aznavour du rédacteur.

    Non, ce qui intéresse le commentateur c’est… lui-même. Eternel orgueil de l’Humanité ! Combien compte-t-on de commentaires dont le premier mot est « Je », voire « Moi », en préambule à un exposé sur son petit cas personnel, réminiscence d’une affaire vécue (le plus souvent) ou inventée pour faire son intéressant(e).

    Car, c’est qu’il faut s’intéresser au commentateur et « in fine » faire de lui le véritable point central du texte publié par le titulaire du blog.

    N'oublions pas cependant que "l'égo sans trique" ne trouvera pas droit de cité sur les blogs interdits aux moins de 18 ans évoqués supra, même si pour l'épanouissement des narcisses les bons blogs de jardinage vous indiqueront que c'est une histoire d'eau...

    L’ « objectif » prend ici tout son double sens… ou le perd, c’est selon, sacrifié sur l’autel du subjectif (auquel je préfère l’hôtel California, mais ça ne regarde que moi)

    Finalement, un bon sujet parle de moi, comme aurait pu le dire Louis le Quatorzième.

    Ou comme l’a réellement dit Léon Zitrone : « Qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel c’est qu’on parle de moi ! »

    Alors, ami commentateur, si tu pouvais éviter de parler de toi pour t’intéresser davantage à celui qui publie et qui partage avec toi émotions et souvenirs, ce serait sans doute mieux pour ce dernier et ça te laisserai de la matière pour publier chez toi…

    Mais ça… c’est sans doute pour la semaine des quatre « je dis ».

     

     

    PS : je me doute bien qu’il n’y aura pas beaucoup de commentaires derrière ça mais comme il n’y en avait pas beaucoup avant… :-) See you soon ! 


  • Commentaires

    1
    Commentatrice non an
    Jeudi 2 Octobre 2014 à 16:00
    ...
    Joliment écrit, très juste, exprimé avec talent. Y aurait-il, en plus, une légère pointe de rébellion, une pincée d'amertume ironique peut-être ? Nous connaissons les blogs depuis très longtemps, les "écrivains" comme les commentateurs. Nous connaissons également leurs travers et quelque part certains de leurs travers sont aussi un peu les nôtres, parfois. Certains hein ? ;-) Inévitablement. On ne pourra jamais changer les choses, il y aura toujours ceux qui privilégient la quantité au détriment de la qualité. La valse (à mille temps) des commentaires plutôt que le creux d une vague. Comment être attentif à chaque billet de tout un blog roll quand ce dernier est long comme un jour sans fin ? Comment trouver les bons mots, ceux qui font mouche quand on passe en coup de vent ? Aujourd'hui les rapports humains se résument hélas à ces comportements et pas uniquement sur les réseaux sociaux... A chaque publication les blogueurs espèrent être lus et commentés, certains à n'importe quel prix, d'autres pas. De même qu'il n'y aurait pas de voyeurs s'il n'y avait matière à voir. C'est le Jeu... "Moi Je" te bise !
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    2
    Vendredi 3 Octobre 2014 à 12:48
    ...
    Chère (très chère) commentatrice non anonyme ou presque, ce qui me navre surtout c'est cette tendance naturelle de l'Humain à tout rapporter à son nombril et cette incapacité à se tourner vers les autres. C'est mon côté "altruiste" qui s'exprime. Puisse-t-il ne pas laisser se développer mon côté "mysanthrope". Moi aussi je te bise... juste là. ;-)
    3
    nombril errant
    Vendredi 19 Décembre 2014 à 10:12
    bonjour
    Ta réflexion est intéressante dans ce sens où elle pose le sujet de celui, ou celle, qui se fait voler la vedette sur son propre espace. Ironie du sort, bien souvent, certains de ces commentateurs (anonymes ou non) sont "recrutés" à leurs dépens sur des salons de discussion pour venir alimenter des colonnes de commentaires que l'auteur voudrait sans doute plus à son goût. "Montre moi ton nombril, je te dirai qui je suis"... Allez, je vais pas te raconter des salades (niçoises ou autre), je ne publie pas, donc nul besoin de matière pour ailleurs. Je reviendrai peut être "mater" ton nombril un de ces quatre(désolé, juste deux mots sur le mien), il me rappelle le bon vieux temps... La seule réalité de ce monde virtuel, c'est le mensonge et l'égocentrisme de leurs auteurs... qui aiment bien le mot "altruisme" ;-)
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