• J'ai écrit sur le tableau noir
    100 fois ton prénom à la craie
    Sans avoir l'impression bizarre
    D'une punition à recopier

    Et j'y ai mis plusieurs couleurs
    L'arc-en-ciel qui est en mon cœur
    J'ai effacé tous les mensonges
    A grands coups d'eau froide et d'éponge

    J'ai dessiné, un peu aussi,
    Des Cupidons qui balbutient
    Les premiers mots de notre Amour
    Et qui n'écoutent pas les cours

    Nos lettres folles et entachées
    De quelques larmes émotionnées
    J'en ai fait du papier mâché
    Pour que nos mots soient fusionnés.

    La vie est mal orthographiée
    Sur chaque page de mes cahiers
    Mais en ayant ta compagnie
    Je jette la grammaire aux orties.

    Pour le calcul, c'est plus facile
    Je sais pas compter jusqu'à deux filles
    Il n'y aura jamais que toi
    Sauf si tu comptes jusqu'à deux gars.

    Tu verras qu'au creux de mon lit
    Mes leçons j'aurai bien appris
    Je les sais sur les bouts des doigts
    Qui viendront se poser sur toi

    La cloche sonne, partons ma chère
    Sur le chemin des écoliers
    Refaire l'école buissonnière,
    Passer toute la vie en récré.





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  • Pour sublimer notre connexion haut débit
    Je mémorise en DVD les couleurs de notre amour
    Sur l'écran plat j'illumine mes nuits
    Sans faire une seule retouche à tes contours

    Gravés sur CD-ROM les millions d'octets de nos vies
    Affichent des images en format numérique
    Sans défragmentation nos disques durs réunis
    Font en sorte que nos prises USB s'imbriquent

    Je contemple ton corps par l'objectif de ma webcam
    Branchée en éthernet sur ma mémoire vive
    Je vidéotape ton interface corporelle de charme
    Pour que mes souvenirs, de toi, jamais ne me privent

    Je pixellise ta peau d'un doucle clic de mes caresses
    Qui fait buguer tes sens en un fol plaisir
    Nos transferts de données par un cablage de tendresse
    Nous décryptent les lignes de code du plaisir

    Je me repasse en boucle tes soupirs en MP3
    Synthétiseurs d'une torride passion
    Nostalgique de ce temps qui fut et qui sera
    Et de nos étreintes en haute définition





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  • Prendre la vie comme elle vient et les gens comme ils sont,
    N'en attendre rien pour n'être pas déçu,
    Se promener sous la lune en chantant des chansons
    Qui se moquent de ceux qui vous trouvent incongru.

    Avoir la fleur aux dents et le sourire aux lèvres,
    Parfois la larme à l'œil pour vivre l'émotion,
    Prendre les jours qui passent comme autant de beaux rêves,
    La caresse du temps comme une inspiration.

    Respect aux respectables, mais pour les autres aussi.
    Ne pas jeter l'opprobre en l'air aux quatre vents,
    De peur qu'elle ne retombe sur d'authentiques gentils
    Qui vagabondent, le regard innocent.

    Regarder son reflet s'afficher au miroir
    Sans avoir à rougir de ses actions passées,
    Se sentir droit et franc, intègre et pouvoir
    En même temps être fier et discret.

    Protéger sans détruire, aimer sans faire souffrir
    Ecouter pour entendre et regarder pour voir
    Se désintéresser des louanges et partir
    Sans bruit, sans haine, en laissant de l'espoir...

    Au fil de mes balades j'ai pleuré et j'ai ri
    J'espère n'avoir jamais fait trop souffrir
    Et j'ai pourtant souffert de ceux qui m'ont trahi
    Pourquoi leur en vouloir ? Je n'ai pas su mourir...




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  • Les querelles de clochers souvent m'ennuient
    Et ce régionalisme qui partout est de mise
    A travers de faux sourires, de vraies moqueries
    Se pare d'une incommensurable bêtise !

    Un pamphlet de Brassens à l'attention de ces porteurs de cocardes,
    qui passent leur temps à se contempler le nombril sans s'ouvrir aux autres...




    La balade des gens qui sont nés quelque part

    C'est vrai qu'ils sont plaisants tous ces petits villages
    Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
    Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages
    Ils n'ont qu'un seul point faible et c'est être habités
    Et c'est être habités par des gens qui regardent
    Le reste avec mépris du haut de leurs remparts
    La race des chauvins, des porteurs de cocardes
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

    Maudits soient ces enfants de leur mère patrie
    Empalés une fois pour toutes sur leur clocher
    Qui vous montrent leurs tours, leurs musées, leur mairie
    Vous font voir du pays natal jusqu'à loucher
    Qu'ils sortent de Paris ou de Rome ou de Sète
    Ou du diable vauvert ou bien de Zanzibar
    Ou même de Montcuq il s'en flattent mazette
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

    Le sable dans lequel douillettes leurs autruches
    Enfouissent la tête, on trouve pas plus fin
    Quand à l'air qu'ils emploient pour gonfler leurs baudruches
    Leurs bulles de savon c'est du souffle divin
    Et petit à petit les voilà qui se montent
    Le cou jusqu'à penser que le crottin fait par
    Leurs chevaux même en bois rend jaloux tout le monde
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

    C'est pas un lieu commun celui de leur naissance
    Ils plaignent de tout coeur les malchanceux
    Les petits maladroits qui n'eurent pas la présence
    La présence d'esprit de voir le jour chez eux
    Quand sonne le tocsin sur leur bonheur précaire
    Contre les étrangers tous plus ou moins barbares
    Ils sortent de leur trou pour mourir à la guerre
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part

    Mon Dieu qu'il ferait bon sur la terre des hommes
    Si l'on n'y rencontrait cette race incongrue
    Cette race importune et qui partout foisonne
    La race des gens du terroir des gens du cru
    Que la vie serait belle en toutes circonstances
    Si vous n'aviez tiré du néant ces jobards
    Preuve peut-être bien de votre inexistence
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
    Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part





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  • Aux confins de l'horizon et loin des servitudes,
    S'affranchir sans regret des moindres habitudes...



    Ô vie heureuse des bourgeois
    Qu'avril bourgeonne
    Ou que décembre gèle,
    Ils sont fiers et contents
    Ce pigeon est aimé,
    Trois jours par sa pigeonne
    Ça lui suffit il sait
    Que l'amour n'a qu'un temps

    Ce dindon a toujours
    Béni sa destinée
    Et quand vient le moment
    De mourir il faut voir
    Cette jeune oie en pleurs
    « C'est la que je suis née
    Je meurs près de ma mère
    Et j'ai fais mon devoir »

    Elle a fait son devoir
    C'est a dire que oncque
    Elle n'eut de souhait
    Impossible elle n'eut
    Aucun rêve de lune
    Aucun désir de jonque
    L'emportant sans rameur
    Sur un fleuve inconnu

    Et tous sont ainsi fait
    Vivre la même vie
    Toujours pour ces gens là
    Cela n'est point hideux
    Ce canard n'a qu'un bec
    Et n'eut jamais envie
    Ou de n'en plus avoir
    Ou bien d'en avoir deux

    Ils n'ont aucun besoin
    De baisers sur les lèvres
    Et loin des songes vains
    Loin des soucis cuisants
    Possèdent pour tout cœur
    Un viscère sans fièvre
    Un coucou régulier
    Et garanti dix ans

    Ô les gens bien heureux
    Tout à coup dans l'espace
    Si haut qu'ils semblent aller
    Lentement en grand vol
    En forme de triangle
    Arrive, plane et passe
    Où vont ils? ... Qui sont-ils ?
    Comme ils sont loin du sol

    Regardez les passer, eux
    Ce sont les sauvages
    Ils vont où leur désir
    Le veut par dessus monts
    Et bois, et mers, et vents
    Et loin des esclavages
    L'air qu'ils boivent
    Ferait éclater vos poumons

    Regardez les avant
    D'atteindre sa chimère
    Plus d'un l'aile rompue
    Et du sang plein les yeux
    Mourra. Ces pauvres gens
    Ont aussi femme et mère
    Et savent les aimer
    Aussi bien que vous, mieux

    Pour choyer cette femme
    Et nourrir cette mère
    Ils pouvaient devenir
    Volailles comme vous
    Mais ils sont avant tout
    Des fils de la Chimère
    Des assoiffés d'azur
    Des poètes des fous

    Regardez les vieux coqs
    Jeune Oie édifiante
    Rien de vous ne pourra
    Monter aussi haut qu'eux
    Et le peu qui viendra
    d'eux à vous
    C'est leur fiente
    Les bourgeois sont troublés
    De voir passer les gueux.




    paroles de Jean Richepin
    musique de Georges Brassens

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