• Là-bas,

    à l’opposé de l’hémisphère,

    peut être pas si loin, mais bien trop loin quand même.

     

    Là-bas,

    le ciel se fond avec la mer,

    se mêlant en étreinte comme les mots des poèmes.

     

    Là-bas,

    le soleil ne fait pas briller,

    les secrets bien gardés à l’ombre des calanques.

     

    Là-bas,

    le mistral a beau s’acharner,

    à souffler tant et plus, il n’ôte pas le manque.

     

    Là-bas,

    le regard perdu dans la mer,

    laissant mélancolie perfuser en langueur.

     

    Là-bas,

    la demoiselle est solitaire,

    le cœur au ralenti et les pensées ailleurs.

     

    Là-bas,

    je ne suis dans doute qu’un fantôme

    enveloppé de brouillard qui danse et tourbillonne.

     

    Là-bas,

    un jour peut être je serais l’homme,

    dont l’âme sait réchauffer la peau qui frissonne.

     

     


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  •  

     

    Les matins silencieux qui parfois me surprennent

    Le vide dans les yeux, le regard en errance

    Cheminot de nuage, parcourant ton absence

    Demoiselle d’azur, sais-tu combien je t’aime ?

     

    Les aurores brumeuses en camaïeu de rose

    Éclairant l’horizon par delà les montagnes,

    M’invitent à croire un peu au pays de cocagne

    Demoiselle d’azur, tu me plonges en hypnose.

     

    Matins mélancolie aux parfums surannés,

    Où le poids de la vie soudain se fait pesant

    Où mes rêves s’envolent emportés par le vent

    Demoiselle d’azur, je ne peux t’oublier.

     

    Aubes inattendues, préludes à la lumière,

    Annonçant la froideur de journées insipides

    Figées d’heures immobiles où s’écrivent les rides,

    Demoiselle d’azur, en serais-tu geôlière ?

     

    Matinées délétères, nostalgie de bohême,

    J’écris pour toi les mots que je ne peux te dire

    Illusion de mon cœur, fantôme de cachemire

    Demoiselle d’azur, sais-tu combien je t’aime ?

     

     


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  •  

     

    Déposer là, juste au creux de ta gorge

    Quelques brûlots, baisers de flammes ardentes,

    Qu’on pourrait croire juste extraits de la forge

    Tant la chaleur qu’ils dégagent est prenante.

     

    C’est dans mon cœur qu’ils se sont enflammés

    A y frotter tes yeux et ton sourire,

    Les petites flammèches qu’on croyait sans danger

    Ont embrasé l’amadou du désir.

     

    Lorsque je le pourrais, sans craindre la brûlure,

    Ma bouche ira goûter tes lèvres incarnates,

    Quelques langues de feu seront de bon augure

    Pour enflammer encore ta bouche délicate.

     

    Nos corps, brûlants de lave fusionnelle

    Soudés dans leur étreinte en alliage d’amour,

    Se mêleront l’un à l’autre, chatoyants d’étincelles,

    Embraseront la nuit jusqu’au lever du jour.

     

    Lorsque, de nos érotiques partages,

    Il ne restera plus qu’un petit tas de braise

    Nous soufflerons tous deux, complices à l’allumage,

    Pour plonger de nouveau au cœur de la fournaise.

     

     


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    Un frôlement de doigt tout au long de ma joue,

    Un parfum délicat qui vole autour de nous,

    Un silence complice à peine teinté de fièvre,

    Et un sourire qui plisse le coin de tes lèvres.

     

    Nos corps l’un contre l’autre au milieu de la foule

    Des passants anonymes formant comme une houle

    Une marée mouvante qui autour de nous coule

    Comme tes larmes limpides sous la joie qui te saoule.

     

    Je pose sur ta taille mes mains de baladin

    Tombant bas la muraille forgée de nos Destins,

    Glissant sous ton chandail, mes doigts se font taquins,

    Et partent lire en braille la chute de tes reins.

     

    Tu goûtes à mon oreille, tout en lui murmurant

    Mille et une merveilles ou mille et un tourments

    Tortures sans pareilles, érotiques moments,

    Que les mots de tes mails décrivaient également.

     

    Nos bouches enfin se frôlent, gourmandes de leur absence,

    Nos lèvres batifolent, balbutiant leur romance,

    Nos baisers déboussolent nos âmes et nos sens,

    Nos cœurs se cambriolent après tant d’impatience

     

    L’étreinte nous isole et arrête le temps,

    Le chant des barcarolles s’interrompt en suspens,

    Ce premier rendez-vous se grave dans nos mémoires

    Et d’autres instants fous s’annoncent en exutoires.

     


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  •  

    Vous me dites, Monsieur, que j'ai mauvaise mine,
    Qu'avec cette vie que je mène, je me ruine,
    Que l'on ne gagne rien à trop se prodiguer,
    Vous me dites enfin que je suis fatigué.

    Oui je suis fatigué, Monsieur, et je m'en flatte.
    J'ai tout de fatigué, la voix, le coeur, la rate,
    Je m'endors épuisé, je me réveille las,
    Mais grâce à Dieu, Monsieur, je ne m'en soucie pas.
    Ou quand je m'en soucie, je me ridiculise.
    La fatigue souvent n'est qu'une vantardise.
    On n'est jamais aussi fatigué qu'on le croit !
    Et quand cela serait, n'en a-t-on pas le droit ?

    Je ne vous parle pas des sombres lassitudes,
    Qu'on a lorsque le corps harassé d'habitude,
    N'a plus pour se mouvoir que de pâles raisons...
    Lorsqu'on a fait de soi son unique horizon...
    Lorsqu'on a rien à perdre, à vaincre, ou à défendre...
    Cette fatigue-là est mauvaise à entendre ;
    Elle fait le front lourd, l'oeil morne, le dos rond.
    Et vous donne l'aspect d'un vivant moribond...

    Mais se sentir plier sous le poids formidable
    Des vies dont un beau jour on s'est fait responsable,
    Savoir qu'on a des joies ou des pleurs dans ses mains,
    Savoir qu'on est l'outil, qu'on est le lendemain,
    Savoir qu'on est le chef, savoir qu'on est la source,
    Aider une existence à continuer sa course,
    Et pour cela se battre à s'en user le coeur...
    Cette fatigue-là, Monsieur, c'est du bonheur.

    Et sûr qu'à chaque pas, à chaque assaut qu'on livre,
    On va aider un être à vivre ou à survivre ;
    Et sûr qu'on est le port et la route et le quai,
    Où prendrait-on le droit d'être trop fatigué ?
    Ceux qui font de leur vie une belle aventure,
    Marquant chaque victoire, en creux, sur la figure,
    Et quand le malheur vient y mettre un creux de plus
    Parmi tant d'autres creux il passe inaperçu.

    La fatigue, Monsieur, c'est un prix toujours juste,
    C'est le prix d'une journée d'efforts et de luttes.
    C'est le prix d'un labeur, d'un mur ou d'un exploit,
    Non pas le prix qu'on paie, mais celui qu'on reçoit.
    C'est le prix d'un travail, d'une journée remplie,
    C'est la preuve, Monsieur, qu'on marche avec la vie.

    Quand je rentre la nuit et que ma maison dort,
    J'écoute mes sommeils, et là, je me sens fort ;
    Je me sens tout gonflé de mon humble souffrance,
    Et ma fatigue alors est une récompense.

    Et vous me conseillez d'aller me reposer !
    Mais si j'acceptais là, ce que vous me proposez,
    Si j'abandonnais à votre douce intrigue...
    Mais je mourrais, Monsieur, tristement... de fatigue.

     

    Robert Lamoureux


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