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    Lorsque les mots se dérobent dans la noirceur de mes idées

    Et que mes déambulations se labyrinthent dans la cité.

    Quand mon regard transperce les Autres de vacuité,

    Ignorant leurs présences croisant ma destinée.

     

    Quand, par trop d’habitude, je ne vois plus les jours

    Qui se lèvent pourtant éclatants de lumière,

    Quand ils ne percent plus mes nuits de troubadour

    Que d’une lueur falote, diffuse et délétère.

     

    Le vent des solitudes asséchant mes sourires

    Tourbillonne en sifflant m’enveloppant de froideur

    Du quai où je contemple le Pont des Soupirs

    Le discours des amants s’étiole et puis se meurt.

     

    Les sicaires du temps, égrenant leurs antiennes

    Font peser l’immobile débit des lendemains,

    Transformant le futur en humeurs baudelairiennes

    Mille ans de souvenirs jalonnent mon destin.

     

    Ainsi mélancolie, rimant de lassitude

    Emporte aux quatre vents de la désuétude

    Les écrits rebattus de ma plume incertaine,

    Me vient alors le spleen, nostalgie inhumaine.

     


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    Les « donc… », les « heu… », et les « voilà… »

    Témoins improvisés de moments délicats,

    Respirations subtiles des mots qui s’improvisent

    Au fil des émotions que la passion attise.

     

    Balancement de ta voix qui cherche un peu la sienne,

    Hésitante et timide, chaste ou épicurienne,

    Seule, derrière un micro en position « record »,

    A n’avoir préparé que les mots de l’exorde.

     

    La suite du propos, tu l’inventes à l’envi

    Au hasard des idées qui naissent et prennent vie

    Imaginant déjà, derrière le monologue

    L’écho de mes réponses donnant vie au dialogue.

     

    Combien de fois en boucle ai-je écouté ces phrases

    Que m’apportent des mails diffusés par Pégase ?

    Te rêvant près de moi, devinant ta chaleur,

    Respirant ton parfum tout près des haut-parleurs. 

     

    Je manque de ton corps et j’espère tes lèvres,

    Qui cisèlent tes paroles en dentelle d’orfèvre.

    Sur elles poser ma bouche et pouvoir te faire taire

    En un baiser profond, sans autre commentaire.

     

     


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    Sous le pont Mirabeau coule la Seine
    Et nos amours
    Faut-il qu'il m'en souvienne
    La joie venait toujours après la peine
             Vienne la nuit sonne l'heure
             Les jours s'en vont je demeure

    Les mains dans les mains restons face à face
    Tandis que sous
    Le pont de nos bras passe
    Des éternels regards l'onde si lasse
             Vienne la nuit sonne l'heure
             Les jours s'en vont je demeure

    L'amour s'en va comme cette eau courante
    L'amour s'en va
    Comme la vie est lente
    Et comme l'Espérance est violente
             Vienne la nuit sonne l'heure
             Les jours s'en vont je demeure

    Passent les jours et passent les semaines
    Ni temps passé
    Ni les amours reviennent
    Sous le pont Mirabeau coule la Seine
             Vienne la nuit sonne l'heure
             Les jours s'en vont je demeure

     

    Guillaume Apollinaire


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    Silhouette,

    Vapeur évanescente aux contours acérés

    Aux courbes improbables, ondoyant dans l'été

    A l'image diffuse, aux couleurs délavées.

     

    Silhouette,

    Contre-jour en travelling sur le film de ma vie,

    S'inscrivant dans le vent en brume graffiti

    Imprimant ma rétine de lueur dans ma nuit.

     

    Silhouette,

    Faiseuse de songes équivoques, ambigus

    D'envies de baisers fous jouant sur la peau nue

    De sensuels arpèges, partitions impromptues.

     

    Silhouette,

    Musique d'escarpin, balancement de soie

    Forçant l'imaginaire à esquisser déjà

    Une réalité qui jamais ne sera.

     

    Silhouette,

    Complice du temps qui passe sans jamais s'arrêter,

    Glissant sur mon destin en fausse volupté

    Et s'évaporant là, en myriade de fumée.

     


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    Hier encore
    J'avais vingt ans
    Je caressais le temps
    Et jouais de la vie
    Comme on joue de l'amour
    Et je vivais la nuit
    Sans compter sur mes jours
    Qui fuyaient dans le temps

    J'ai fait tant de projets
    Qui sont restés en l'air
    J'ai fondé tant d'espoirs
    Qui se sont envolés
    Que je reste perdu
    Ne sachant où aller
    Les yeux cherchant le ciel
    Mais le cœur mis en terre

    Hier encore
    J'avais vingt ans
    Je gaspillais le temps
    En croyant l'arrêter
    Et pour le retenir
    Même le devancer
    Je n'ai fait que courir
    Et me suis essoufflé

    Ignorant le passé
    Conjuguant au futur
    Je précédais de « moi »
    Toute conversation
    Et donnais mon avis
    Que je voulais le bon
    Pour critiquer le monde
    Avec désinvolture

    Hier encore
    J'avais vingt ans
    Mais j'ai perdu mon temps
    A faire des folies
    Qui ne me laissent au fond
    Rien de vraiment précis
    Que quelques rides au front
    Et la peur de l'ennui

    Car mes amours sont mortes
    Avant que d'exister
    Mes amis sont partis
    Et ne reviendront pas
    Par ma faute j'ai fait
    Le vide autour de moi
    Et j'ai gâché ma vie
    Et mes jeunes années

    Du meilleur et du pire
    En jetant le meilleur
    J'ai figé mes sourires
    Et j'ai glacé mes pleurs
    Où sont-ils à présent
    A présent mes vingt ans?


    Parce que des souvenirs se rappellent soudain à vous,

    et que la nostalgie s'invite dans vos nuits...

     


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