• Qui suis-je ?

    Qui suis-je ?

    Je ne suis rien.

    Rien qu'un petit grain de sable perdu parmi tant d'autres, sur les plages de l'univers aux confins des planètes de l'émotion.

    Je me fais rouler par les vagues qui parfois, lors des grosses marées, m'entraînent un peu au large, me maintiennent la tête sous l'eau et me font boire la tasse d'une mer trop salée qui me pique les yeux, la gorge et le cœur.

    Si je tourne le regard, je peux apercevoir les gros rochers, là-bas, inaccessibles. Je les vois se faire drosser par les vagues, fouetter par les algues, refroidir par le vent, envahir par les coquillages parasites. Je n'envie pas leur sort et pourtant, inamovibles, ils traversent le temps avec sérénité. Rien ne peut les atteindre, ils semblent intouchables. Immobiles, solides... comme des rocs.

    Ailleurs, plus près de moi, je rencontre parfois quelques galets. Bien ronds, bien polis, bien lisses. Jamais ils ne donnent de prise à quelques maux que ce soit. Ils sont là qui déambulent, confiant de toujours revenir parmi leurs frères au sein de la grève protectrice, si peu perturbée par le ressac.

    Tout proches d'eux, mes amis les cailloux. Du sable comme moi, juste un peu plus établi dans la vie. Juste un peu moins insignifiant. Chahutés au cours de leur existence, ils ont parfois de drôle de trombines. Tortueux, leurs arrêtes tranchantes ressemblent à une armure pour se défendre des briseurs de rêves.

    Et pourtant...

    Les gros rochers parfois se font forer et exploser, au bon soin de monsieur Nobel...

    Les galets se retrouvent loin du rivage, exposés en bel alignement sur les étagères de nostalgiques...

    Les cailloux s'envolent en ricochets sur les flots, naissant d'une main plus ou moins habile et terminent leur course au fond des abîmes...

    Et moi, le grain de sable ?

    Je fais rêver les enfants en devenant château peuplé de chevaliers imaginaires à la grandeur d'âme exemplaire.

    Je fais passer le temps d'un bord à l'autre du sablier en rythmant votre destinée.

    Je peux, à moi tout seul, gripper l'engrenage d'une formidable machine bien plus élaborée que moi.

    Et puis, le rôle que je préfère, c'est lorsque je te fais une place de choix au bord de l'océan.

    Lorsque j'épouse avec conscience la moindre courbe de ton corps alangui qui sous les rayons du soleil cherche à se parer de couleur qui donnent envie de te croquer.

    Quand, tout en sensualité, je glisse en cascade dans l'alcove de tes seins, dans le creux de tes reins.

    Lorsque je caresse ta peau. D'ailleurs, je crois bien que tu m'aimes aussi un peu, puisque je t'ai déjà surprise à laisser tes mains vagabonder sur moi, alors que ton regard se perd dans l'immensité de l'horizon...

    Alors, je plains les rochers, les galets, les cailloux qui ne connaissent pas cette ivresse.

    Je ne suis rien.

    Rien qu'un petit grain de sable, perdu sur le grain de ta peau.

    Et c'est très bien comme ça.

     


  • Commentaires

    1
    Vendredi 13 Janvier 2006 à 09:44
    tres joli
    cela donne envie de se poser au bord dfe mar sur la plage et te laisser glisser entre mes main et te parler de douceur... petit grin de sable qui seul n'est pas grand chose mais qui en groupe est un formidable paysage appesant, l'union fait la force... :) bise du matin
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    2
    Vendredi 13 Janvier 2006 à 09:45
    c'est
    un texte magnifique...à bientôt
    3
    Vendredi 13 Janvier 2006 à 10:07
    Félicitations...
    très jolie plume en effet, il me rappelle cette phrase de Werber "Nous ne sommes que des grains de sable mais nous sommes ensemble. Nous sommes comme les grains de sable sur la plage, mais sans les grains de sable la plage n'existerait pas.". Bonne journée à vous (je vous ai surnommé Baudelaire dans mon inconscient, allez savoir pourquoi ;)
    4
    Vendredi 13 Janvier 2006 à 15:23
    Superbe...
    Magnifiquement bien écrit, bravo ! Jolie citation de Werber Chris, extraite de "Les Thanatonautes". Bisous et grand sourire Spleen :-)
    5
    Vendredi 13 Janvier 2006 à 15:29
    je ne sais que dire
    je ferais bien une pause assise sur le sable, les yeux tournés ver l'horizon, le coeur battant à l'unisson, en rêvant de fables
    6
    Vendredi 13 Janvier 2006 à 17:34
    :-)
    tres belle comparaison et tres beau texte qui fait rever et réfléchir..
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