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Hier encore
J'avais vingt ans
Je caressais le temps
Et jouais de la vie
Comme on joue de l'amour
Et je vivais la nuit
Sans compter sur mes jours
Qui fuyaient dans le temps
J'ai fait tant de projets
Qui sont restés en l'air
J'ai fondé tant d'espoirs
Qui se sont envolés
Que je reste perdu
Ne sachant où aller
Les yeux cherchant le ciel
Mais le cœur mis en terre
Hier encore
J'avais vingt ans
Je gaspillais le temps
En croyant l'arrêter
Et pour le retenir
Même le devancer
Je n'ai fait que courir
Et me suis essoufflé
Ignorant le passé
Conjuguant au futur
Je précédais de « moi »
Toute conversation
Et donnais mon avis
Que je voulais le bon
Pour critiquer le monde
Avec désinvolture
Hier encore
J'avais vingt ans
Mais j'ai perdu mon temps
A faire des folies
Qui ne me laissent au fond
Rien de vraiment précis
Que quelques rides au front
Et la peur de l'ennui
Car mes amours sont mortes
Avant que d'exister
Mes amis sont partis
Et ne reviendront pas
Par ma faute j'ai fait
Le vide autour de moi
Et j'ai gâché ma vie
Et mes jeunes années
Du meilleur et du pire
En jetant le meilleur
J'ai figé mes sourires
Et j'ai glacé mes pleurs
Où sont-ils à présent
A présent mes vingt ans?
Parce que des souvenirs se rappellent soudain à vous,et que la nostalgie s'invite dans vos nuits...
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Ma tentation de Venise
Connaîtra les mots qui me grisent
Lorsque la nuit improvise
Des intimités lascives.
Nous irons habiter ensemble
Dans des châteaux en Espagne,
Même si je sais que mes mains tremblent
D'écrire son nom sur le sable.
Elle saura la langue des Elfes,
Aura la peau de porcelaine
Et des danseuses de Delphes
Elle sera la souveraine.
Elle me fera partager
De l'Olympe les secrets,
Me dira les chansons des fées
Qui consolent les âmes brisées.
Elle s'habillera d'arcs-en-ciel,
A trop vouloir la regarder
Même le puissant roi Soleil
Refusera d'aller se coucher.
En posant sa main sur mon front
Comme la rosée sur une fleur,
Elle connaîtra mes émotions
En prise directe sur mon cœur.
Au gré des aurores boréales,
Nous nous promènerons de concert
Sur la grande piste aux étoiles
Du cirque de l'Univers.
Ma tentation de Venise
Aura les lèvres au goût cerise
Attisant la convoitise
De mes baisers gourmandises.
Mais fi des châteaux en Espagne
Elle habite les nuages
Éphémères des rivages
De mon pays de Cocagne.
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M'enivrer de ton corps jusqu'à en tituber,
Valser dans le décor pour mieux t'y culbuter,
Pour te donner encore d'érotiques baisers
Qui t'amènent juste au bord de la félicité.
M'abreuver au goulot de ta source divine,
Y murmurer les mots que tu cherches et devines,
Tes yeux déjà sont clos et ma langue est féline,
La liqueur d'abricot est mon nectar ultime.
Aller de verres en vers, pour contenter Vénus,
Sans pour autant déplaire à l'illustre Bacchus,
Tes courbes me conduisent jusqu'à l'intempérance
De caresses exquises en orgasmes intenses.
Au creux de ton calice, je veux m'abandonner
A l'ivresse complice de nos corps survoltés
Aux foudres du plaisir, béates voluptés,
Qui font de ces instants une grande cuvée.
Mais si je dis que tu me saoules...
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Pourquoi veulent-ils graver leurs noms dans les étoiles,
En écrasant les autres d'égoïsme orgueilleux,
Fiers, hautains, méprisants, le cœur impénétrable
Insensibles et sans âmes, pourvu qu'on parle d'eux !
Dénués de sentiments, mots d'amour illusoires,
Débitant leurs discours, mais sans jamais y croire,
Ils donnent à penser à de belles histoires,
Mais n'aiment rien vraiment que l'image du miroir.
Ils se servent de toi, ils se servent de lui
Manipulant dans l'ombre avec pour seul dessein
De briller un peu plus dans le cœur de leurs nuits
Éphémères paillettes dans le cours du Destin.
Ils bruissent et fanfaronnent, martelant à l'envie
Que sans eux, c'est couru, la Terre s'arrêterait,
Que les autres ne sont que de bénins ennuis
Dont ils se débarrassent d'un air un peu distrait.
Plus dure sera la chute quand ils s'apercevront
Qu'ils se retrouvent seuls au but du firmament
Sans soutien, sans amis, sans Amour, sans pardon,
Sans ce qui fait la vie humble des pauvres gens.
Le bonheur n'est pas dans le regard des autres,
mais dans la simplicité de son propre cœur...
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La énième cigarette de la nuit a le goût nostalgique des petits matins. Les volutes de fumée montent paresseusement vers le ciel parisien nimbé de la faible clarté de l'aurore qui s'annonce. La ville semble frileusement enveloppé d'ouate qui filtre les premiers bruits de la journée. Tout dort encore.
Je profite de ces quelques minutes de quiétude, au milieu de la cour de ce bâtiment témoin des plus sordides faits divers de ces derniers siècles. Je sais que, dans quelques instants, lorsque j'aurais franchi le porche, le tumulte de la vie reprendra ses droits. Le petit noir pris au zinc aura cette amertume troublante, qu'on déteste et qu'on aime simultanément. Le serpent de fer souterrain vomira sur l'asphalte les hordes empressées des tâcherons de Paris. Ceux qui se lèvent bien avant que le coq n'ait l'idée de chanter et vont vers leur labeur sans rechigner, pour gagner un salaire de misère. L'air semblera moins pollué, plus limpide. Le vacarme des moteurs sera encore supportable et pas encore amplifié par les klaxons des automobilistes pressés, stressés et vindicatifs. La Seine coulera comme elle coulait hier et comme elle le fera demain, tranquille, indolente. Les touristes brandiront déjà leurs yeux de verre, à l'affût du cliché le plus original, sans se douter que cette originalité décore déjà des millions d'album photos à travers le monde. Les tours de Notre-Dame me regarderont passer, indifférentes, mais je ne suis rien qu'un humain de plus à fouler le parvis, indifférent moi-même à ses pierres historiques, par trop d'habitude.
Mais en attendant, la nicotine envahit mes artères. Me donne un sentiment d'apaisement qui vient conforter mon esprit las. Mon esprit suit les chemins tortueux de la fumée. Je prends le temps de respirer des parfums virtuels aux fragrances d'absence, de manque, d'espoir... Les yeux dans le vague, je parcours le sentier de mes pensées qui me conduit sous d'autres latitudes aux paysages de nostalgie. Soleil en horizon... Les vagues de ma vie se déroulent sur la plage puis repartent, emportant au passage des bribes de mon existence. L'écume des jours, comme disant Vian, se délite au fil du temps, laissant exploser ses souvenirs en myriades d'images fugitives, intemporelles, impalpables. La pendule d'argent du Grand Jacques nous surveille, implacable. Elle égrene sa cadence métronomique avec son dédain inaccessible, emportant dans le tourbillon de ses engrenages nos joies et nos peines. Rien ne peut être figé. Les traces de ce passé coulent dans mes veines, faisant parfois chavirer mon cœur un bref instant.
A mes actes manqués,
à mes envies inassouvies,
à mes choix déraisonnables,
à ma raison trop sage,
à mon imaginaire de réalités,
à ma réalité inimaginable...
J'écrase ma cigarette, et le spectacle continue...
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