• Derrière les persiennes qui nous faisaient ombrage
    Tandis que les lames, elles, cadençaient le ressac
    Nous enlacions nos corps en ultime partage
    Dessinant de caresses d'érotiques entrelacs.

    Nos peaux en couleur d'ambre et parfumées de sel
    Se frottaient l'une à l'autre en douceur d'alizés
    Nos bouches dévorantes de baisers sensuels
    Abritaient le ballet de nos langues mêlées.

    En habile corsaire voguant vers vos trésors
    Je découvrais la grotte de vos voluptés
    J'y entrais en vainqueur tel un conquistador
    Mais je savais déjà que vous m'y espériez.

    Nous fîmes à deux renaître la houle de l'océan
    Ondoyant d'harmonie au rythme des marées,
    Vos ongles dans mon dos m'annoncèrent l'instant
    Où, dans la baie d'amour, le plaisir déferlait.

    Vos soupirs de bonheur résonnaient murmurant,
    Nos corps, avec délice, chaviraient de bien être,
    Bienheureuse tempête communiant les amants,
    Dans cette chambre à l'autre bout de la planète...



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  • Virevoltent mes doigts
    Comme neige en flocon
    Qui te donne un peu froid,
    D'où naissent les frissons.

    Eclaboussent mes baisers
    Comme les gouttes d'orage
    Ton corps en est mouillé
    Car ils ne sont pas sages.

    Pirouettent mes caresses
    Comme les feuilles mortes
    Te faisant pécheresse
    Que le désir emporte.

    Tourbillonnent nos corps
    En une folle tempête
    Jouissance en accord
    Plaisir que rien n'arrête.



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  • Dans sa robe diaphane, à la terrasse du café,
    Elles noircissait des pages entières de mots tendres entrelacés.
    Elle se racontait des histoires de princesses et de chevaliers
    Mais en se défendant d'y croire pour ne pas s'y faire piéger.

    Elle semblait tellement perdue dans ses pensées,
    Le tourbillon du monde passait près d'Elle à la frôler,
    Le temps pour Elle semblait s'être arrêté
    Seules vivaient les pages de ses cahiers.

    En sirotant, gourmande, un café trop sucré,
    Son regard se noyait dans son monde secret,
    Avant que le stylo ne coure sur le papier
    Pour y poser, soigneux, des mots bien alignés.

    Ses rêveries solitaires devaient la rassurer
    Il n'y avait pas de risque qu'Elle ait le cœur blessé
    Pas de coups, pas de bleus, pas d'amours torturées
    Un bonheur idéal si loin de la réalité.

    Je l'ai regardé faire et je n'ai pas osé
    M'approcher de sa table, lui offrir un café,
    Lui parler simplement sans intentions cachées
    Il me semblait qu'Elle en aurait été fâchée.

    Après un point ultime, son stylo s'est posé
    Elle a posé sa dîme pour régler son café
    Elle a quitté ma vie comme Elle était entrée
    Belle, inconnue et... perdue dans ses pensées...



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  • Pour Flo...

    A la croisée du virtuel et du réel,
    Se cachent des mondes mystérieux et éphémères
    Certains y tressent des mots au parfum de dentelle
    D'autres y crachent leur venin à la saveur amère.

    Les doigts glissent sur le clavier
    Hésitant, frénétiques, dispendieux ou timides
    Selon qu'ils sont, par le cœur, commandés,
    Ou sous la coupe d'une langue perfide.

    Le regard se pose sur la lucarne en verre
    Pour y chercher souvent un peu de réconfort,
    Pour trouver un soleil en plein cœur de l'hiver
    Ou pour éluder l'ironie du sort.

    On ne se méfie pas du pouvoir des phrases
    Que l'on prend sans défiance et pour argent comptant
    On n'imagine pas que derrière l'emphase
    Se dissimule parfois le fiel de mots tranchants.

    A poser trop de murailles en nous
    Plus rien ne nous atteint, ni peines, ni tourments
    Et si l'on se protège pour mieux parer les coups
    On perd la spontanéité des plus beaux sentiments.

    L'équilibre est fragile, il danse sur un fil
    Qui risque de se rompre si l'on n'y prend pas garde,
    Nous faisant tournoyer en une chute inutile
    S'enfonçant sans répit dans une ombre blafarde.

    Prendre le merveilleux, s'emparer des mots tendres
    Oublier les outrages, faire fi des vilenies,
    Savoir que des gentils sont là pour vous comprendre
    Et laisser les fâcheux crier leurs avanies.




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  • J'ai bien aimé cette chanson, entendue ce matin...



    Un bébé encadré sur une étagère, un souvenir de vacances, un anniversaire.
    Une fille qui sourit coincée dans un sous-verre, un cadre fantaisie, un bord de mer,
    Et personne ne bouge dans la tribu des yeux rouges,
    Tous différents, les mêmes photos pourtant

    ... Les grands derrière, les p'tits devant.

    Quelques photos de couple exposées comme des preuves,
    Des photos de groupe, des amis qu'on punaise.
    On vérifie d'ailleurs l'air de rien chez les autres,
    Qu'on fait partie des leurs, qu'a côté de leurs têtes y'a la nôtre.
    Sur la cheminée du salon des grands-parents,
    Le casting tout entier de tous les p'tits enfants

    ... Les grands derrière, les p'tits devant.

    Les albums familiaux sont les manuels d'histoire,
    Qu'on regarde jamais, qu'on réserve au placard.
    Quand il était jeune, quand t'étais petit,
    Quand elle était enceinte, quand ils étaient en vie.
    Portraits de fin d'année des gosses trop bien peignés,
    On dirait vraiment qu'ils ont mangé du ciment

    ... Les grands derrière, les p'tits devant.

    La photo censurée, elle s'y trouvait pas belle,
    Aussitôt développée, direct à la poubelle.
    Mignonne en paréo au retour de la plage,
    Elle enlèvera pas le haut, c'est dommage.
    Le portrait qui fait rire du permis de conduire,
    Celui qui fait peur, qu'est-ce que c'est qu'cette coiffure ?
    Qu'elles soient en couleur ou bien en noir et blanc,
    On fait tous, quelle horreur ! les mêmes photos tout l'temps

    ... Les grands derrière, les p'tits devant.

    Qu'est-ce qui nous pousse au fond à refaire à la chaîne,
    Tous les mêmes photos qu'on a vu par centaines,
    Des photos de monuments qui sont jamais très belles,
    Mais c'est nous qui l'a fait c'est pas la carte postale.
    Les photos de voyage à l'autre bout de la terre,
    Les mêmes paysages, des mêmes belvédères .
    Nous sur un chameau, nous au ski en hiver,
    Re-nous sur un bateau, et les épices du souk du Caire.
    Re-re-nous à Pâques, y'a deux ans déjà,
    Re-re-re-nous à la Toussaint à côté d'Etretat .
    C'est vrai qu'on voit pas bien, que la photo est mauvaise,
    Mais par la salle de bain je te jure on devinait les falaises !
    Et ces photos souvenirs qu'on stocke acharnés
    Pour pas qu'on puisse nous dire qu'on a pas profité.
    Rangées dans un tiroir celles qu'on veut plus voir
    Et classées dans des livres des photos d'archives.
    J'ai encore jamais vu et ça chez personne,
    Sa copine toute nue au dessus du téléphone,
    La photo d' son patron dans aucun salon,
    Mais des vues de bords de mer, ah ça putain on sait l' faire !
    Qu'on les range en vrac, qu'on les colle au mur,
    Au fond d'un portefeuille ou dans un disque dur.
    Au fin fond de la Creuse, à Paris 16ème,
    On prend les mêmes poses,
    Nos photos sont les mêmes.
    Qu'on soit le frère, la soeur, les parents, la tante,
    Toujours les mêmes photos, mates ou brillantes.
    Des images inutiles sur toutes les vieilles pierres,
    Le Mont-Saint-Michel, et les épices du souk du Caire...

    Bénabar

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